Nous avons sélectionné principalement des photographies de Imperial War Museum montrant la présence des troupes britanniques dans Arras. Elles ont défendu notre ville ; nous leur rendons hommage. (ces photographies sont complétées par quelques-unes de l'article "Le conflit vu par la Section photographique de l'armée")
En 1914, l'armée britannique est une armée de métier. Suite aux lourdes pertes subies au début de la guerre, Lord Kitchener, alors Ministre de la Guerre en Grande Bretagne, lance un recrutement massif et fait appel au volontariat pour constituer la New Army K, "La Nouvelle Armée Kitchener".
On voit donc arriver au sein des troupes britanniques de jeunes soldats inexpérimentés venant de toute la Grande Bretagne : Angleterre, Ecosse, Irlande et Pays de Galles. Rejoignent aussi l'Armée du Commonwealth le Canada, la Nouvelle Zélande, l'Afrique du Sud et l'Australie, pays alors sous la tutelle de la Grande Bretagne.
Loin de leur terre natale, ces volontaires ont parcouru des milliers de kilomètres en bateau pour rejoindre l'Angleterre afin de suivre un entraînement avant d'être affectés à différents secteurs du front britannique qui s'étend de la Flandre à la Somme.
Le Grand Quartier Général britannique, chargé d'élaborer les stratégies, initialement implanté à Saint-Omer, est transféré à compter de mars 1916 à Boulogne-sur-Mer.
En Artois, les Britanniques remplacent les troupes françaises en route vers Verdun à partir de février-mars 1916.
Les premiers Etats-Majors s'installent dans Arras dès mars 1916.
Deux autorités coexistent : la Place Militaire française (le commandant Boissonnade) et l'Autorité Militaire britannique, comme l'illustre l'entête du courrier ci-dessous.
En avril 1917, à la veille de la Bataille d'Arras, 14 divisions du Commonwealth sous commandement britannique attendent le coup d'envoi de l'offensive sur un front de 22 km. 1
Article : le colonel de Boissonnade, commandant de la place d'Arras
Cette présence britannique à Arras est saluée par deux articles du Lion d'Arras, dont un en anglais.
"Les britanniques ont installé des Town Majors dans les villes principales à proximité du front et pris en charge l'administration des territoires, avec la collaboration des maires. Une mission militaire française est affectée auprès de l'armée britannique pour aplanir les difficultés avec les autorités locales ; les interprètes, qu'ils soient britanniques ou français, ont joué un rôle important dans les relations avec les habitants. Si la prévôté anglaise assure la police, des gendarmes territoriaux français sont présents pour encadrer les évacuations de civils." 2
Arras, camp retranché britannique
"Ces troupes s'établissent dans les maisons, où elles mettent en place leur intendance et leurs économats, cantines, foyers YMCA, etc... Les britanniques réalisent de sérieux travaux de défense autour d'Arras et aménagent de nombreuses réalisations téléphoniques. Ils implantent des barricades et des nids de mitrailleuses aux points sensibles. ; M Cronfalt note alors : "Ils paraissent déterminés à défendre, le cas échéant, la ville rue par rue." 3
"Les zones les moins touchées comme la Basse-Ville sont attribuées aux états-majors permanents, français et britanniques, où ils sont logés dans les maisons bourgeoises et les hôtels particuliers.
Les cantonnements traditionnellement réservés à l'armée tels que la citadelle ou les casernes se révèlent insuffisants, et surtout régulièrement pris pour cible. Aussi, pour réduire le risque de perte et pallier l'insuffisance de logements, les troupes sont disséminées dans les quartiers nord et est de la ville, dans lesquels des rues complètes sont réquisitionnées. On peut nommer la rue Baudimont, la rue d'Amiens et les Places d'où l'on évacue les civils le cas échéant.
Les secteurs occupés par les soldats sont rapidement pourvus de cinéma, de foyers (YMCA), salles de jeux. Deux postes de police sont installés place du Théâtre et sur la Grand'Place. Ils sont chargés de faire régner l'ordre au sen des nouveaux occupants dont les effectifs sont parfois supérieurs à la population d'avant-guerre." 4
"L’état-major anglais s’était installé dans l’immeuble de Monsieur Anselin, au coin de la rue Gambetta et de la rue St-Jean, et en avait aménagé les boves. Un obus tombé sur la maison l’incita à changer de domicile et à se transporter Place Victor Hugo, non loin des bureaux de la Place française restés rue des Promenades." 5
Début 1917, un contingent de 18 000 soldats s’installe en ville, dans les immeubles encore debout et dans les boves de la Grand’ Place. 6
Un procès-verbal de gendarmerie daté du 3 mai 1916 nous apprend que l’armée britannique n’autorisait l’ouverture des débits de boissons à la troupe que de 19h à 20h. Le rapport mentionne : « [nous] avons remarqué que plusieurs soldats anglais entraient à l’estaminet Duhamel, situé rue St Aubert n° 81, à Arras. Cet établissement était grandement éclairé et la porte grandement ouverte. Nous y sommes entrés et avons constaté que la cabaretière, Mme Duhamel, 27 ans, servait une chope de bière à un soldat anglais, et, qu’une soixantaine de militaires anglais se trouvaient debout et attablés dans la salle de débit de ce cabaret. De nombreuses consommations : vin et bière, leur étaient servies. Nous avons fait observer à la cabaretière qu’il était 20 heures 20 minutes. »7
1 - source : panneau du Mémorial de la carrière Wellington
2 - Le Maner Yves, La Grande Guerre dans le Nord et le Pas-de-Calais, Editions La Voix, 2014, p. 295
3 - Wiart Laurent, mémoire de maîtrise Arras, ville de l'arrière front pendant la Première Guerre mondiale, 1996, p. 77
4 - Jacques Alain, Mortier Laurence, La bataille d'Arras, Editions Degeorge, 2014, p. 27
5 - Docteur Georges Paris, Un Demi-siècle de vie arrageoise, 1971, p 56
6 - Ibidem p. 57
7 - dossier « Mission militaire française, DEN à F », médiathèque municipale
Les déplacements des civils en temps de guerre (voir le paragraphe "Vivre en zone britannique")
Militaires britanniques dans le Pas-de-Calais et bûcherons par nécessité
Avant l’arrivée des troupes britanniques, l’autorité militaire en la personne du général de Vignacourt, commandant d’armes. (source : albums Valois / La Contemporaine)
Film des trois photographies précédentes.
Avec un peu d'attention, cette maison réserve d'autres surprises... (merci à Jérémy Bourdon pour ces indications) - photographie du portrait, apparemment disparu en 2019 : Jérémy Bourdon
Le titre de cet article s'inspire du titre d'un chapitre - "Arras à l'heure anglaise" - de l'excellent livre : Jacques Alain, Mortier Laurence, La bataille d'Arras, Editions Degeorge, 2014
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