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La Grande Reconstruction, Arras, ville nouvelle !

La Grande Reconstruction, Arras, ville nouvelle !

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Les entrepreneurs et les ouvriers

Les entrepreneurs et les ouvriers

Les entrepreneurs

Louis Peulabeuf exploita les possibilités du ciment armé puis du béton armé. En 1924 il posa les fondations – en béton armé – de l’Hôtel de ville. Il employa jusqu’à 800 personnes.

 

Attention : la paternité de la structure en béton armé de l’Hôtel de ville revient au Bureau d’études Pelnard-Considère-Caquot (voir article Les bureaux d'études en béton armé)

 

 

 

Son papier à en-tête mentionne l’emploi du ciment armé puis du béton armé :

 

Avril 1917. Un autre courrier en date d'août 1918 indique que Louis Peulabeuf était réfugié à Berck-Plage, 12 rue du Phare. (source : médiathèque municipale, dossiers de la Mission militaire française)

 

Février 1935. (source : archives municipales)

 

"La Route en Ciment Armé - Route Nationale n° 37 à Arras". (source : archives départementales du Pas-de-Calais, collection Georges Bacot)

 

Des plaques sont visibles sur certains immeubles. Ici au 16 et 18 boulevard de Strasbourg ;   le siège social de son entreprise se situait au n° 18.

 

 

(collection Dominique Mucherie)

 

Louis Peulabeuf, sculpture d'Augustin Lesieux, 1927

 

 

Louis Peulabeuf au volant de sa voiture avec son fils Jean, son épouse Jeanne (née Maréchal) et sa fille aînée Suzanne, 1921 - 1922. (collection Dominique Mucherie)

 

« Le nom de Peulabeuf est attaché à la reconstruction d’Arras, après la guerre de 14/18, et surtout de son beffroi. Le premier des Peulabeuf : Etienne, était arrivé en sabot de sa Creuse natale peu avant 1900. Simple ouvrier cimentier, il apprit le métier à son fils Louis, qui lui succéda en 1904 en qualité d’artisan. Ce fut le départ d’une très grande entreprise qui employa jusqu’à 800 hommes. Louis Peulabeuf fut l’un des premiers à exploiter les immenses possibilités apportées par un procédé nouveau : le ciment armé… que devait lui-même supplanter 20 ans plus tard le béton armé. Il devint rapidement l’un des plus grands entrepreneurs du Pas-de-Calais. La reconstruction d’Arras, du bassin minier, des églises, lui servit de tremplin. Il édifia le premier chevalet en béton, celui de la fosse II de Béthune ; il expérimenta les routes en ciment armé ; il jeta un pont sur la Canche, entre Etaples et Le Touquet, terminé en 1932, détruit en 1940, rétabli par ses successeurs en 1948.

C’est en 1924 qu’il posa les fondations – en béton armé – du beffroi. Le gros-œuvre ne fut achevé qu’en 1930 à cause du retard pris par la mise au point du plan d’ensemble. Le chantier repris en 1927, Peulabeuf étant aidé pour les superstructures par les entreprises Deneuville et Haultecoeur. Louis Peulabeuf mourut en 1943, boulevard de Strasbourg, siège de cette grande maison qui lui survécut un tiers de siècle. Il laissa le souvenir d’un remarquable patron, alliant le sens de l’humain à l’intelligence. » 1

1 - ABCDaire, Ville d'Arras, 1998.

Médaille en l’honneur de Louis Peulabeuf. Celle du 9 janvier 1936 est l’œuvre d’Arthur Mayeur. (collection Dominique Mucherie)
Médaille en l’honneur de Louis Peulabeuf. Celle du 9 janvier 1936 est l’œuvre d’Arthur Mayeur. (collection Dominique Mucherie)
Médaille en l’honneur de Louis Peulabeuf. Celle du 9 janvier 1936 est l’œuvre d’Arthur Mayeur. (collection Dominique Mucherie)
Médaille en l’honneur de Louis Peulabeuf. Celle du 9 janvier 1936 est l’œuvre d’Arthur Mayeur. (collection Dominique Mucherie)
Médaille en l’honneur de Louis Peulabeuf. Celle du 9 janvier 1936 est l’œuvre d’Arthur Mayeur. (collection Dominique Mucherie)
Médaille en l’honneur de Louis Peulabeuf. Celle du 9 janvier 1936 est l’œuvre d’Arthur Mayeur. (collection Dominique Mucherie)

Médaille en l’honneur de Louis Peulabeuf. Celle du 9 janvier 1936 est l’œuvre d’Arthur Mayeur. (collection Dominique Mucherie)

 

La Société d’Entreprises de Constructions et Travaux publics d’Arras était aussi un intermédiaire pour l’établissement du dossier de dommage de guerre auprès de la Commission cantonale avec l’assistance d’un architecte. Elle était alors en charge de l’exécution des travaux du programme d’application immédiate.

 

(source : archives municipales)

 

la plaque de cette Société est apposée au 16 rue Saint-Nicolas (Wacquez-Glasson), 1922 (photo ci-dessus)

 

 

L’ancienne usine Haultcœur-Lamiral située 14 et 16 rue Jeanne-d’Arc est le nouveau siège social de la Société d’entreprises de construction et travaux publics d’Arras. Elle emploie en 1920 plus de 900 ouvriers.1

 

Le papier à entête de cette société en 1917 (source : dossiers de la Mission militaire française, médiathèque municipale).

 

Ci-dessous : le personnel de la Société d’entreprises de constructions et travaux publics d’Arras, 19 mars 1919

(source : Archives départementales du Pas-de-Calais)

 

Cette société réalise les plans des attachements figurés de la cathédrale. Ici un détail du plan 26b, le grand portail, porte latérale droite. (source : archives municipales)

 

L’entreprise Paindavoine et Collignon remporta le marché de déblaiement des décombres. (voir article "Arras, Ville martyre" chapitre "Les problèmes de la Reconstruction"). Puis elle est devenue la Société de Construction de Chemin de fer et de Travaux publics, comme le montre la plaque apposée sur le chantier de la photo ci-dessous.

(collection Jean-Claude Leclercq)
détail

 

Le nom de l'entreprise s'affiche sur la gare en reconstruction, sur la partie droite de la photo, en l'agrandissant. (source : médiathèque municipale)

 

Du déblaiement des décombres à la construction de chemins de fer il n'y a qu'une voie de 0,60 :) puisque celle-ci était utilisée dans toute la ville pour dégager les décombres.

Deux voies de 0.60 sont visibles sur cette photographie. (Source : Gallica, agence Rol, 1919)

 

Un des défis de la reconstruction consiste à fournir les matériaux aux artisans, industriels et entrepreneurs.

Ci-dessous, le parc Ronville, magasin du Comptoir central d’achats (service des matériaux), 1922.

(source : Archives départementales du Pas-de-Calais)

 

1 - La Grande Reconstruction, reconstruire le Pas-de-Calais après la Grande Guerre, Archives départementales du Pas-de-Calais, page 194.

Les entrepreneurs se rappellent à nous avec leur signature sur les façades
Les entrepreneurs se rappellent à nous avec leur signature sur les façades
Les entrepreneurs se rappellent à nous avec leur signature sur les façades
Les entrepreneurs se rappellent à nous avec leur signature sur les façades
Les entrepreneurs se rappellent à nous avec leur signature sur les façades
Les entrepreneurs se rappellent à nous avec leur signature sur les façades
Les entrepreneurs se rappellent à nous avec leur signature sur les façades
Les entrepreneurs se rappellent à nous avec leur signature sur les façades
Les entrepreneurs se rappellent à nous avec leur signature sur les façades
Les entrepreneurs se rappellent à nous avec leur signature sur les façades
Les entrepreneurs se rappellent à nous avec leur signature sur les façades
Les entrepreneurs se rappellent à nous avec leur signature sur les façades
Les entrepreneurs se rappellent à nous avec leur signature sur les façades
Les entrepreneurs se rappellent à nous avec leur signature sur les façades

Les entrepreneurs se rappellent à nous avec leur signature sur les façades

Article sur le comptoir central d'achat paru dans le Monde illustré le 24 juin 1922. Macaron : M Marteau, directeur régional du comptoir central d’achats

Article sur la société Saint-Sauveur de constructions métalliques paru dans le Monde illustré le 24 juin 1922.

Dernière photo : banc Saint-Sauveur style Arras. (source : collection privée)
Dernière photo : banc Saint-Sauveur style Arras. (source : collection privée)
Dernière photo : banc Saint-Sauveur style Arras. (source : collection privée)
Dernière photo : banc Saint-Sauveur style Arras. (source : collection privée)
Dernière photo : banc Saint-Sauveur style Arras. (source : collection privée)

Dernière photo : banc Saint-Sauveur style Arras. (source : collection privée)

Les ouvriers

En 1921, Arras comptait 24 835 habitants ; 29 718 en 1926.     12 165 étrangers résidaient à Arras en juillet 1923 (tableau ci-dessous). Ils étaient 5 812 au 1er janvier 1921. La reconstruction exige des compétences diversifiées - terrassier, manœuvre, briquetier, plâtrier, maçon, cimentier, staffeur, électricien - auxquelles la main d’œuvre nationale touchée par une saignée démographique ne peut répondre. Le Service de la main d’œuvre étrangère est créé en 1917.

Pour l’hebdomadaire Le Beffroi d’Arras 1, « ils réparent les ruines de l’horrible guerre ». Le journaliste - sous un style ampoulé - donne cette conclusion xénophobe: « J’aurais voulu pouvoir donner également, dans ce tableau, le nombre exact des respectables sidis [selon le Larousse, terme injurieux et raciste pour désigner un Nord-Africain.] honorant Arras de leur illustre présence… mais il m’a été répondu que ces gentlemen - en qualité de citoyens français - échappaient à la statistique ci-dessus. »

 

citoyens ou sujets hommes femmes enfants totaux
Allemands 2 1 2 5
Autrichiens 1 0 0 1
Belges 6800 500 650 7950
Britanniques 400 55 38 493
Bulgares 8 2 1 11
Espagnols 270 25 32 327
Grecs 15 0 0 15
Hollandais 18 2 2 22
Hongrois 14 1 0 15
Italiens 1600 80 60 1740
Luxembourgeois 22 4 8 34
Marocains 40 0 0 40
Polonais 600 30 55 685
Portugais 400 2 2 404
Roumains 5 0 0 5
Russes 110 4 3 117
Serbes 10 0 0 10
Suisses 150 11 15 176
Tchécoslovaques 35 0 0 35
Divers 80 0 0 80
Totaux 10580 717 868 12165

 

1 - Le Beffroi d’Arras, 13 juillet 1923 et 15 janvier 1925

 

« La main-d’œuvre étrangère fut d’abord entassée dans les caves du Palais St-Vaast, où voisinaient noirs, jaunes et Allemands. On évacua assez rapidement la main-d’œuvre asiatique qui avait été amenée par les Anglais pendant les hostilités. On établit ensuite les prisonniers de guerre dans un camp situé sur l’emplacement de l’actuelle caserne des gardes mobiles. La nourriture y était si restreinte qu’il était impossible de leur demander un effort continu. Ceux qui avaient la chance de travailler chez des particuliers qui les nourrissaient convenablement se montraient d’excellents ouvriers. […] Les ouvriers pouvaient profiter de trains spéciaux qui les amenaient le matin et les ramenaient le soir de Doullens ou de St-Pol. » (Docteur Georges Paris, Un Demi-siècle de vie arrageoise, 1971, p 64, 65)

 

Camp de travail polonais, situé sur l’actuelle cité des Jardins, 1920. Les Polonais occupèrent ces baraquements - propriété du Ministère des régions libérées - jusque 1921. Puis ces baraquements furent remis à la Ville pour y loger « les indigents », les « sans-logis ». Le terrain où fut édifié l’un de ces baraquements dut être rendu libre en juin 1922. (collection privée)

 

Ouvriers maçons, 3 août 1928 (source : fonds Paul-Decaux / Archives départementales du Pas-de-Calais)

 

12 septembre 1923. (source : archives départementales du Pas-de-Calais)

 

« Pour terminer, signalons les obstacles qu'il reste à surmonter.

En première ligne, le défaut de main-d'oeuvre : le nombre des ouvriers spécialistes du bâtiment est tout à fait insuffisant. Très disputée, cette main-d'oeuvre est payée à des prix qui ne sont pas en rapport avec le prix de la vie, non plus qu'avec les salaires d'autres ouvriers, comme par exemple les mineurs. Il suit de là que les prix de la reconstruction restant exagérés, encore à l'heure actuelle, le coefficient est 4,55 par rapport aux prix de 1914, on est loin du coefficient 3, annoncé il y a plus d'un an [...] »

Le Monde illustré, 24 juin 1922, page 28

 

En 1917, la création d'une carte d'identité des étrangers s'applique à 1,5 millions de personnes.

Carte d'identité de travailleur étranger délivrée par le préfet de l'Aube, 1936. (archives départementales du Nord)

 

La carte d'identité des étrangers

Les travailleurs chinois et la Grande Guerre

140 000 Chinois ont travaillé en France à partir de 1916, en majorité dans l'armée britannique (au sein du corps de travailleurs chinois) pour effectuer des travaux de terrassement, seulement 40 000 étant sous autorité française, à l'arrière du front, dans des usines.

En 1916, un manque de main d'œuvre se fait sentir à l'arrière, dans les usines, pour gérer la maintenance du matériel ou pour réparer les voies de communication. À l'époque, la Chine n'est pas encore entrée en guerre. C'est un territoire politiquement instable, où la France et le Royaume-Uni possèdent des concessions commerciales. Ils décident donc d'y chercher des volontaires pour l'effort de guerre allié, afin de travailler et non pas combattre. L'administration française présente les Chinois selon les idées reçues de l'époque, dotés de souplesse, d'intelligence, de patience ou encore de minutie.

La plupart des recrues viennent de la province du Shandong. On compte quelques ouvriers mais l'essentiel sont des paysans de l'arrière-pays. Sans qualification, ils sont sélectionnés pour leur âge (compris entre 20 et 40 ans) et leur carrure (minimum 1,80 mètre). À part les quelques interprètes, les Chinois ne parlent ni français, ni anglais, ce qui renforce leur malléabilité. Seuls 15 % savent lire et écrire.

Installés en France, les travailleurs chinois vivent dans des camps spéciaux. On en compte une vingtaine dans le département du Pas-de-Calais. Les Britanniques concentrent les leurs autour de Boulogne-sur-Mer où le royaume a des bases logistiques.

Les conditions de travail des Chinois sont éprouvantes, qu'ils nettoient des tanks ou évacuent des cadavres.

Après la guerre

Après l'armistice de novembre 1918, beaucoup de travailleurs chinois sont chargés de nettoyer les champs de bataille, enlevant les obus ou remblayant les tranchées.

Les soldats revenus du front les voient alors comme une menace. Sur les 130 000 travailleurs chinois, moins de 2 000 restent finalement en France […]. 1

2 000 travailleurs chinois (et 1 500 travailleurs indiens) périrent en servant sur le front de l'Ouest.

 

© IWM

 

A Ayette, au sud d’Arras, l’Indian and Chinese Cemetery compte 80 tombes de manœuvres indiens et de coolies chinois employés près du Front à l’entretien des tranchées et à l’approvisionnement des unités.

 

« Dans le Pas-de-Calais, dix compagnies chinoises sont mises à disposition, soit 4 250 hommes, et interviennent dès les premiers jours de 1919. On a également recours à des Nord-Africains : trois groupements, soit 1 300 hommes, se trouvent à Arras, Béthune et Hesdin, où ils travaillent à la réfection des routes et des chemins. [...] Les travailleurs chinois sont particulièrement mal perçus par les réintégrés. Ceux-ci estiment que les Asiatiques ont un statut en quelque sorte privilégié puisque, grâce au contrat qu'ils ont passé avec le ministère des Régions Libérées, les Chinois obtiennent  logement et nourriture, alors que la population locale doit se les procurer au prix de grands efforts. »  2

1 - source : Wikipédia - Contenu soumis à la licence CC-BY-SA 3.0. Source : Article Travailleurs chinois pendant la Première Guerre mondiale en France de Wikipédia en français (auteurs)

2 - Philippe Nivet, Les Réfugiés français de la Grande Guerre, Economica, 2004, p. 519, 520

 

Les travailleurs chinois du Pas-de-Calais

Film Arrivée d'ouvriers chinois

Cimetière chinois de Nolette

 

l’Indian and Chinese Cemetery à Ayette

 

 

 

Cette stèle au jardin de la Légion d'Honneur à Arras, leur rend hommage.

 

Ci-dessous, photographies de fêtes sportives chinoises à Arras, le 13 avril 1919 (barre fixe, jeux, course de sacs, trapèze volant, distribution des prix)

 Ministère de la Culture (France) - Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine - Diffusion RMN
 Ministère de la Culture (France) - Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine - Diffusion RMN
 Ministère de la Culture (France) - Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine - Diffusion RMN
 Ministère de la Culture (France) - Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine - Diffusion RMN
 Ministère de la Culture (France) - Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine - Diffusion RMN
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Ministère de la Culture (France) - Médiathèque de l'Architecture et du Patrimoine - Diffusion RMN

 

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